Paiement ANCV
L'aube se lève sur le golfe d'Ajaccio, teintant les façades impériales de reflets dorés tandis que le bateau quitte lentement le port Tino Rossi. Cap au nord-ouest, vers l'une des navigations les plus spectaculaires de Méditerranée, la traversée maritime qui relie la capitale corse à la réserve naturelle de Scandola, joyau protégé de la côte occidentale insulaire. Quatre-vingts kilomètres de littoral sauvage attendent le voyageur, dévoilant successivement les îles Sanguinaires nimbées de pourpre, les calanques de Piana sculptées par l'érosion, le golfe majestueux de Porto cerné de montagnes, le hameau isolé de Girolata accessible uniquement par la mer, et enfin Scandola, sanctuaire terrestre et marin où la nature règne en souveraine absolue. Cette promenade maritime, bien plus qu'un simple déplacement, se transforme en voyage initiatique à travers les paysages les plus saisissants de l'Île de Beauté. Entre granit rouge et basalte noir, entre criques turquoise et falaises vertigineuses.
Quitter Ajaccio par la mer offre une perspective unique sur la ville natale de Napoléon Bonaparte. Depuis le pont d'un voilier ou la proue d'une vedette d'excursion, les façades ocre et rose de la vieille ville se détachent avec netteté contre le vert profond des collines environnantes. La citadelle génoise, sentinelle de pierre sombre édifiée à la fin du XVe siècle, domine le port avec cette autorité tranquille des ouvrages militaires qui ont survécu aux siècles. Le clocher baroque de la cathédrale Notre-Dame-de-la-Miséricorde, où fut baptisé le futur Empereur, ponctue le ciel de sa silhouette familière, repère visuel pour tous les marins du golfe.
Le golfe d'Ajaccio lui-même mérite qu'on s'y attarde avant de mettre le cap vers le nord. Cette vaste baie en croissant, protégée des vents dominants, offre des eaux généralement calmes où la navigation démarre en douceur. Le front de mer défile lentement, la plage Saint-François où se baignent les Ajacciens depuis des générations, le boulevard Lantivy bordé de palmiers et de platanes centenaires, les cafés en terrasse où s'attardent les promeneurs matinaux devant un café serré. Cette ville qui allie avec bonheur l'héritage impérial français et l'âme méditerranéenne corse se révèle dans toute son harmonie lorsqu'on l'observe depuis la mer.
La navigation longe ensuite la côte occidentale du golfe, dévoilant la succession de plages et de criques qui font le bonheur des baigneurs, Ricanto, Barbicaja, Ariadne. Les villas Belle Époque et les propriétés contemporaines s'étagent sur les pentes, nichées dans des jardins luxuriants où prospèrent oliviers, lauriers-roses et bougainvilliers. Le maquis descend jusqu'aux rochers, exhalant ses parfums d'immortelle et de myrte que la brise marine porte jusqu'au bateau. C'est déjà l'essence de la Corse qui s'affirme, cette capacité à mêler intimement civilisation raffinée et nature sauvage, douceur méditerranéenne et rudesse insulaire.
Les îles Sanguinaires apparaissent bientôt, quatre dômes de porphyre rouge émergeant des flots comme les vestiges d'une terre engloutie. Mezu Mare, des Cormorans, Cala d'Alga et Porri, leurs noms corses et italiens témoignent des influences croisées qui ont façonné l'histoire insulaire. La tour génoise de la Parata, érigée en 1608 au sommet du promontoire, veille sur cet archipel où nichent goélands leucophées et cormorans huppés. Contourner ces îles au porphyre incandescent, particulièrement au crépuscule lorsqu'elles justifient pleinement leur nom, constitue le premier temps fort de cette navigation. Les eaux cristallines invitent à une baignade matinale, moment suspendu où l'on mesure déjà le privilège d'une telle escapade maritime.
Passée la pointe de la Parata, le golfe protégé d'Ajaccio cède la place à la côte occidentale sauvage. Le relief gagne en verticalité, les falaises de granit plongent directement dans la mer, créant des jeux d'ombre et de lumière spectaculaires. Les tours génoises se succèdent avec régularité – Capitello, Omigna, Orchinu – ponctuant le paysage de leurs silhouettes médiévales. Ces postes de guet, construits pour prévenir les incursions barbaresques, servaient de relais visuels communiquant entre eux par signaux de fumée. Aujourd'hui transformées en monuments protégés ou en habitations insolites, elles racontent l'histoire d'une Corse qui dut constamment se défendre contre les raids venus de la mer.
L'approche des calanques de Piana depuis la mer constitue l'un des moments les plus saisissants de la navigation. Bien que la route côtière offre des perspectives célèbres sur ces formations géologiques classées au patrimoine mondial de l'UNESCO, seule la mer révèle leur véritable monumentalité. Les falaises de granit rouge s'élèvent verticalement sur plus de trois cents mètres, sculptées par des millions d'années d'érosion marine et éolienne en formes fantastiques que l'imagination populaire a baptisées, le Cœur, l'Aigle, l'Évêque, le Chien.
La couleur de ces rochers varie selon l'heure et la saison. Au matin, le granit arbore des teintes roses orangées, presque douces. À midi, sous le soleil vertical, il devient rouge vif, presque agressif dans son intensité chromatique. En fin d'après-midi, il s'embrase littéralement, virant au vermillon incandescent qui rivalise avec celui des Sanguinaires. Cette palette naturelle crée un contraste saisissant avec le bleu profond de la mer, composant des tableaux vivants qui changent à chaque instant selon la lumière, les vagues, les passages nuageux.
Naviguer lentement le long de ces falaises permet d'explorer les grottes marines creusées par l'action millénaire des vagues. Certaines sont suffisamment vastes pour qu'un petit bateau s'y engage prudemment, découvrant des cathédrales naturelles où l'eau prend des teintes irréelles – vert émeraude, bleu électrique, violet profond – selon les jeux de réverbération lumineuse sur les parois. Le clapotis résonne dans ces cavités avec une résonance presque musicale, créant une ambiance à la fois mystérieuse et apaisante.
Les arches naturelles constituent une autre merveille des calanques de Piana. L'érosion a percé certaines avancées rocheuses, créant des passages où le bateau peut se faufiler, offrant aux passagers la sensation grisante de traverser la roche elle-même. Ces formations géologiques témoignent de la puissance patiente de la mer, grain de sable après grain de sable, vague après vague, elle sculpte le granit, transforme les promontoires en arches, puis en îlots isolés, puis en récifs affleurants, jusqu'à la dissolution complète dans les profondeurs marines.
La faune marine trouve dans ces eaux préservées un habitat de qualité. Les fonds rocheux de granit, continuité sous-marine des falaises émergées, créent un paysage minéral sculpté d'anfractuosités où se cachent mérous, murènes et congres. Les prairies de posidonies, cette plante marine endémique de Méditerranée, s'étendent sur les zones sableuses entre les rochers, créant des herbiers essentiels à l'équilibre écologique. La plongée avec masque et tuba révèle un aquarium naturel où évoluent sars, daurades, bogues et parfois même des bancs de barracudas argentés filant comme des torpilles.
Le village de Piana lui-même, perché à quatre cents mètres d'altitude sur les hauteurs dominant les calanques, se devine depuis la mer. Les maisons blanches aux toits de tuiles roses s'étagent sur les pentes, encadrées par l'église baroque dont le clocher rose saumon se détache contre le vert sombre des pins maritimes. Ce village, élu parmi les plus beaux de France, cultive une atmosphère hors du temps où les traditions corses se perpétuent loin de l'agitation touristique du littoral. Depuis le bateau, on imagine les ruelles pavées, les fontaines de pierre, les jardins ombragés où fleurissent hortensias et géraniums.
Le golfe de Porto marque une transition spectaculaire dans le paysage maritime. Après les falaises abruptes des calanques de Piana, la côte s'ouvre soudain sur ce fjord méditerranéen cerné de montagnes qui culminent à plus de mille deux cents mètres. La tour génoise, restaurée et ouverte à la visite, domine un village touristique qui a su préserver son authenticité malgré l'affluence estivale. La petite plage de galets gris, les eucalyptus géants qui bordent la rivière de Porto, les restaurants proposant poissons grillés et langoustes fraîches, tout concourt à créer une atmosphère de villégiature méditerranéenne intemporelle.
Depuis le pont du bateau ancré dans la baie, le regard embrasse un panorama grandiose. À gauche, les calanques de Piana que l'on vient de longer révèlent sous cet angle inverse toute leur ampleur. À droite, la presqu'île de Scandola dessine ses contours mystérieux, promesse des merveilles à venir. Au fond, les montagnes de l'intérieur – Capu d'Ortu, Capu Tafunatu percé de son trou légendaire – dressent leurs silhouettes déchiquetées contre le ciel. Les gorges de la Spelunca, canyon spectaculaire que remonte la rivière de Porto, entaillent profondément le massif, créant une cicatrice verte dans le granit rose.
La couleur de l'eau dans le golfe de Porto mérite attention particulière. Les apports sédimentaires de la rivière, chargée de particules de granit érodé, donnent à la mer une teinte turquoise laiteuse unique. Cette eau trouble près de l'embouchure s'éclaircit progressivement vers le large, créant un dégradé chromatique qui fascine les photographes. Par temps calme, lorsque la surface devient miroir, les montagnes environnantes se reflètent dans la baie, doublant la spectaculaire verticalité du paysage.
La richesse écologique du golfe de Porto a justifié son inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, conjointement avec les calanques de Piana, le golfe de Girolata et la réserve de Scandola. Cette reconnaissance internationale protège un ensemble paysager et biologique d'une valeur exceptionnelle. Les fonds marins abritent des espèces remarquables, la végétation terrestre présente un endémisme élevé, et l'avifaune compte plusieurs espèces rares dont le balbuzard pêcheur, rapace marin qui niche sur les falaises inaccessibles.
L'histoire humaine du golfe remonte à l'Antiquité. Les Grecs, puis les Romains fréquentaient ces eaux, trouvant refuge dans la baie protégée lors des tempêtes. Au Moyen Âge, les Génois fortifièrent la position stratégique avec leur tour caractéristique. Plus récemment, aux XIXe et XXe siècles, Porto devint escale appréciée des peintres et écrivains découvrant la Corse, Guy de Maupassant y séjourna, laissant des descriptions enthousiastes de la beauté sauvage des lieux. Aujourd'hui, le village vit au rythme des saisons touristiques, accueillant les visiteurs avec cette hospitalité corse faite de réserve initiale et de générosité chaleureuse une fois la confiance établie.
Mouiller dans le golfe de Porto pour la pause déjeuner constitue une expérience délicieuse. Certains bateaux d'excursion organisent des repas à bord – grillades de poissons, charcuterie corse, fromages insulaires, vins de Patrimonio ou de Figari. D'autres permettent aux passagers de rejoindre les restaurants du village, offrant l'opportunité de découvrir la cuisine locale dans des cadres pittoresques. Quelle que soit l'option choisie, ce moment de pause au cœur du golfe, entouré de beauté naturelle, reste gravé dans la mémoire comme l'un des temps forts de la journée maritime.
Au-delà de Porto, en direction du nord-ouest, commence véritablement le domaine de la nature sauvage. La côte se fait encore plus abrupte, les montagnes plongent directement dans la mer, la végétation se raréfie au profit du maquis bas et des falaises nues. Aucune route ne longe ce littoral, seuls les sentiers muletiers et la mer permettent d'accéder aux rares lieux habités. Cette inaccessibilité a préservé un sanctuaire naturel d'une pureté rare en Méditerranée moderne.
Girolata apparaît soudain, lovée au fond d'une anse profonde cernée de falaises rougeoyantes. Une poignée de maisons aux toits de tuiles roses se serre autour d'une tour génoise, face à une plage de galets gris où sont tirées les barques de pêcheurs. Ce hameau d'une vingtaine d'habitants permanents incarne le fantasme de l'isolement paradisiaque. Accessible uniquement par la mer ou par un sentier pédestre de deux heures depuis le col de la Croix, Girolata a conservé une authenticité que le développement touristique n'a que partiellement altérée.
La tour génoise de Girolata, construite au XVIe siècle, domine stratégiquement l'anse. Sa position lui permettait de surveiller simultanément le golfe de Porto au sud-est et la presqu'île de Scandola au nord-ouest, assurant une veille permanente sur ce segment de côte particulièrement vulnérable aux raids barbaresques. Aujourd'hui restaurée, elle offre depuis son sommet un panorama vertigineux sur le village minuscule, la baie turquoise et les montagnes plongeant dans la mer. Cette tour, comme toutes ses sœurs jalonnant le littoral corse, témoigne d'une époque où la mer représentait autant une menace qu'une ressource.
L'atmosphère à Girolata possède une qualité particulière, presque hors du temps. Les quelques restaurants familiaux proposent langoustes fraîchement pêchées, poissons du jour grillés à la plancha, soupe de poissons parfumée au fenouil sauvage. Les prix, naturellement élevés en raison de l'isolement et des difficultés d'approvisionnement, reflètent aussi l'exclusivité du lieu. Déjeuner à Girolata, les pieds nus sur les galets tièdes, face à une mer turquoise où se balancent les bateaux d'excursion, constitue une expérience privilégiée que peu de restaurants côtiers peuvent offrir.
La baignade dans les eaux de Girolata révèle une transparence exceptionnelle. Les fonds, tapissés de posidonies et parsemés de rochers de granit rose, descendent progressivement vers les profondeurs. Les poissons y sont nombreux et peu farouches, sars zébrés de noir et argent, daurades royales reconnaissables à leur front doré, girelles multicolores virevoltant entre les rochers, parfois même des mérous imposants qui observent les baigneurs avec curiosité depuis leurs repaires rocheux. Cette richesse ichtyologique témoigne de la qualité préservée de l'écosystème marin, protégé par son isolement et par la réglementation stricte de la pêche dans la zone.
L'histoire récente de Girolata mérite d'être contée. L'électricité n'arriva au hameau qu'en 1990, acheminée par câble sous-marin depuis la côte. Auparavant, les habitants vivaient à la lampe à pétrole et au groupe électrogène, dans un isolement presque complet durant l'hiver lorsque la mer agitée interdisait toute navigation et que la neige bloquait le sentier muletier. Cette vie rude a façonné des caractères trempés, des gens attachés viscéralement à leur terre et à leur mer. Aujourd'hui, si le confort moderne a pénétré Girolata, l'esprit demeure, celui d'une communauté insulaire au sein de l'île, doublement protégée par la géographie et par la volonté farouche de préserver son mode de vie.
La presqu'île de Scandola, point d'orgue de cette navigation depuis Ajaccio, se dévoile progressivement après Girolata. La première impression est celle d'un changement géologique radical. Le granit rouge qui dominait jusqu'alors cède la place au basalte noir, roche volcanique issue d'anciennes coulées qui se sont refroidies en créant des formes spectaculaires. Les orgues basaltiques, colonnes régulières de section hexagonale, plongent verticalement dans une mer d'un bleu presque noir tant elle est profonde. Ce paysage minéral évoque davantage l'Islande ou les Hébrides écossaises que la Méditerranée, créant un dépaysement saisissant.
La réserve naturelle de Scandola, créée en 1975, fut la première réserve terrestre et marine de France métropolitaine. Cette protection précoce explique l'état de conservation exceptionnel de l'écosystème. La pêche y est totalement interdite, le mouillage sévèrement encadré, la vitesse des embarcations limitée à cinq nœuds maximum. Ces contraintes, loin d'être perçues comme des obstacles par les visiteurs conscients, témoignent d'une volonté exemplaire de préserver un patrimoine naturel irremplaçable. Les fonds marins abritent des populations remarquables de mérous bruns, de langoustes rouges, de grandes nacres – ce coquillage géant devenu rare en Méditerranée –, de corail rouge, d'éponges multicolores.
L'avifaune constitue l'autre trésor de Scandola. Les falaises inaccessibles servent de sites de nidification pour plusieurs espèces remarquables. Le balbuzard pêcheur, rapace marin d'envergure imposante qui pêche en plongeant les serres en avant, niche exclusivement en Corse dans la réserve de Scandola et sur quelques sites côtiers préservés. Les colonies de goélands leucophées, de cormorans huppés au plumage noir brillant, de faucons pèlerins chassant les passereaux migrateurs animent le ciel de leurs ballets aériens. Observer un balbuzard fondre sur l'eau et s'envoler avec un poisson frétillant dans ses griffes constitue un spectacle naturaliste inoubliable.
Les grottes marines de Scandola comptent parmi les plus spectaculaires de Méditerranée. Creusées par l'érosion dans le basalte tendre, elles révèlent des voûtes cathédrales où l'eau prend des couleurs surnaturelles. La grotte des Veaux marins – ainsi nommée car des phoques moines, aujourd'hui disparus de Corse, y trouvaient refuge – s'enfonce profondément dans la falaise. La lumière, pénétrant par l'ouverture marine et se réfléchissant sur les parois sombres, crée des effets de clair-obscur d'une beauté surréaliste. D'autres grottes, accessibles uniquement en kayak ou en petit zodiac, permettent une exploration plus intime de ces cathédrales minérales.
Naviguer lentement le long des côtes de Scandola, respecter le silence imposé par la beauté des lieux, observer la nature dans sa majesté préservée, c'est expérimenter une forme d'humilité écologique salutaire. Ici, l'homme n'est que visiteur de passage, autorisé à contempler mais sommé de ne laisser aucune trace. Cette leçon de respect, délivrée par la simple confrontation avec la grandeur naturelle, marque profondément les consciences. Elle rappelle que certains lieux doivent demeurer sanctuaires, que la nature possède une valeur intrinsèque indépendante de toute utilité humaine, que la préservation n'est pas un luxe optionnel mais une nécessité vitale.
Le retour vers Ajaccio après l'exploration de Scandola s'effectue généralement par le même itinéraire, offrant une perspective inverse sur les paysages parcourus le matin. La lumière de l'après-midi transforme les couleurs, adoucit les contrastes, nimbe les falaises d'une luminosité dorée annonçant le crépuscule. Les passagers, silencieux ou échangeant à voix basse leurs impressions, semblent habités par la grandeur des paysages traversés. Chacun emporte avec lui un fragment de cette beauté sauvage, un souvenir indélébile qui continuera longtemps de nourrir rêves et nostalgie.
Organiser une promenade maritime d'Ajaccio à Scandola requiert anticipation et choix réfléchis pour profiter pleinement de cette expérience exceptionnelle. Plusieurs options s'offrent aux voyageurs, chacune présentant avantages et contraintes spécifiques selon les attentes et budgets.
Les vedettes d'excursion au départ d'Ajaccio représentent la solution la plus accessible et la plus fréquentée. Ces bateaux de taille moyenne effectuent l'aller-retour dans la journée, avec escales à Girolata et circuit dans la réserve de Scandola. Le départ s'effectue généralement vers huit heures du matin depuis le port Tino Rossi, pour un retour en fin d'après-midi. Un commentaire en plusieurs langues enrichit la navigation d'explications géologiques, historiques et naturalistes. Cette formule conviendra aux familles, aux groupes d'amis, ou aux voyageurs privilégiant l'aspect pratique.
La location de voilier avec skipper offre une expérience plus intime et personnalisable. Les loueurs ajacciens proposent des embarcations variées, du voilier de croisière familial au catamaran de luxe. Le skipper, souvent passionné et excellent connaisseur des côtes corses, adapte l'itinéraire aux désirs du groupe, privilégier la navigation aux voiles, multiplier les arrêts baignade dans des criques secrètes, prévoir un déjeuner gastronomique à bord. Cette option permet également d'envisager une navigation sur plusieurs jours avec nuitées au mouillage, transformant l'excursion en véritable croisière.
Les yachts privés avec équipage complet incarnent le luxe maritime absolu. Ces embarcations d'exception, équipées de tout le confort moderne, proposent des prestations haut de gamme, chef cuisinier préparant des repas gastronomiques à base de produits corses, steward assurant le service, équipements nautiques multiples (paddle, kayak, matériel de plongée). Cette formule s'adresse aux couples en voyage de noces, aux groupes célébrant un événement particulier, ou aux habitués du tourisme de luxe.
La saison influe considérablement sur la qualité de l'expérience. Les mois de juillet et août, bien qu'offrant les meilleures conditions météorologiques, voient affluer de nombreux bateaux dans la réserve de Scandola. Les mois de mai, juin et septembre présentent un compromis idéal, météo généralement favorable, fréquentation modérée, lumière sublime pour la photographie. Les mois d'avril et octobre demeurent possibles mais aléatoires météorologiquement, avec des journées magnifiques alternant avec des coups de vent rendant la navigation inconfortable voire impossible.
Quatre-vingts kilomètres séparent le port d'Ajaccio des falaises basaltiques de Scandola. Une distance modeste à l'échelle de la Méditerranée, mais qui condense une telle diversité de paysages, une telle intensité de beautés naturelles, que la navigation se transforme en voyage initiatique à travers l'essence même de la Corse littorale. Du granit rouge des Sanguinaires au basalte noir de Scandola, des criques turquoise aux falaises vertigineuses, des villages perchés aux hameaux isolés, chaque mile nautique dévoile une facette nouvelle de l'Île de Beauté.
Cette promenade maritime devient rencontre profonde avec une nature qui n'a rien cédé à l'urbanisation, dialogue avec une géologie spectaculaire née des convulsions telluriques anciennes, contemplation d'un écosystème préservé où la vie marine prospère loin des pollutions. Partir d'Ajaccio, ville impériale ouverte sur le large, pour atteindre Scandola, sanctuaire protégé accessible aux seuls navigateurs respectueux, c'est accomplir une traversée symbolique du monde civilisé vers les confins sauvages.
Les voyageurs qui empruntent cette route bleue en reviennent transformés. Ils ont vu ce que la route terrestre ne montre pas, l'intimité des grottes marines, la monumentalité des falaises vues d'en bas, la solitude de Girolata accessible uniquement par bateau, la majesté silencieuse de Scandola. Ils ont compris que la Corse mérite pleinement son surnom d'Île de Beauté, et que la mer demeure le plus beau chemin pour en percer les mystères. Depuis Ajaccio jusqu'aux orgues basaltiques de Scandola, la Méditerranée corse révèle son âme aux navigateurs patients, offrant généreusement ses trésors à qui sait prendre le temps de l'admirer, dans le respect absolu de sa fragilité et de sa grandeur.